Serviteur
Voilà un mot un peu désuet dans le langage habituel, et sur-employé dans le langage de l’Eglise. Dans les recherches d’emploi, il ne figure pas, remplacé par ‘’serveur’’, et la fonction est dévaluée, presque méprisante. Et bien, c’est bon de retrouver ce contraste quand on parle de ‘’Jésus serviteur’’. Habitués par l’expression, nous n’en percevons plus la honte sociale, renforcée dans bien des cas par le mot ‘’esclave’’, un sous-prolétariat qui devrait nous choquer, nous blesser.
Alors, pourquoi une telle joie pour l’ordination de Baptiste, devenu diacre le premier septembre dernier ? Diacre, cela signifie serviteur. Et les questions (auxquelles il a ré- pondu ‘’je le veux’’ !) étaient engagement au célibat, au service, à l’abaissement, à l’oubli de soi, au don de sa vie à Dieu et à l’Eglise… Vous le connaissez, il veut vivre ce qu’il a déjà montré comme séminariste stagiaire, il sait que le chemin du bonheur passe par l’accueil du don que Dieu lui fait, par la joie de donner à son tour, de répondre chaque jour à l’appel de Jésus pauvre à le suivre. Et les photos imprimées dans ce numéro sont reflet du rayonnement d’amour que le Seigneur a répandu ce jour-là. Et il n’est pas le seul ! Pierre Rivier le 13 octobre à Bourg Saint Andéol, Philippe Levert le même jour à Valence, les frères Emmanuel et Thibault le 28 août dernier dans ma communauté de chanoines réguliers, les cinq reçoivent ce don de Dieu : diaconat, puis dans quelque mois le sacerdoce, si tout va bien.
Et nous ? Leur joie rejaillit sur nous, remercions-les, et remercions le Seigneur qui depuis 2000 ans donne à son Eglise les diacres, prêtres et évêques dont elle a besoin pour répandre la Bonne Nouvelle, servir les pauvres, célébrer les sacrements, guider le Peuple de Dieu. D’autant plus, que notre merci se fasse aussi prière de demande : qu’Il appelle des hommes et des femmes à Lui consacrer leur vie, pour leur épanouissement personnel et pour le service de l’humanité blessée qui a tant besoin du salut en Jésus.
Mais c’est aussi la mission de tous les baptisés, et même des hommes et femmes de bonne volonté ! Dans la civilisation du ‘’chacun pour soi’’, le dévouement peut être vécu comme une corvée. Mais en vérité, quelle est notre expérience ? L’égoïsme ? Il nous étouffe, et aigrit les relations. Rendre service ? c’est parfois fatigant, mais toujours propice à un progrès. Et même si on ne nous dit pas merci, nous goûtons la paix d’avoir accompli du bien et la certitude que Dieu nous sourit. Admirons l’amour maternel attentionné, la vitalité des bénévoles des associations dans notre secteur très solidaire, la disponibilité de grands parents, mais aussi le mini-service de telle personne qui a peu de facilités, le sourire du malade tout ouvert à la personne qui le visite. Immenses sont les besoins, faibles sont nos capacités, mais l’Evangile nous montre que le moyen pour faire de grandes choses est de se faire le serviteur de tous (Mt 20,27)
Alors la rentrée est l’occasion de nous reposer la question de nos engagements, sans nous croire obligés, mais en ayant conscience que pour améliorer ce monde, décidons et commençons : petits au service des petits, et Jésus qui a multiplié les pains multipliera les effets de notre générosité.
P Bernard +
Commentaires
Enregistrer un commentaire